Temoignage: se choisir et se réinventer
Qui est Manon Roussy?
Une Nord-Côtière de 48 ans qui est une amoureuse, une maman, une sœur, une amie et une infirmière en santé mentale (encore saine d’esprit…hahaha!).
Ceux et celles qui me connaissent bien savent que j’aime rigoler et faire rire tout le monde.
Mon témoignage arrive dans un moment de ma vie où j’ai décidé de me choisir, de mettre mes limites et d’arrêter d’avoir peur de ne plus être capable de faire comme « avant » au contraire je peux et je veux faire mieux et me réinventer.
J’ai toujours été une femme qui contrôlait tout dans sa vie. J’allais au-devant des autres, j’aimais être au front, j’étais hyper-active, indépendante et j’ai toujours été de nature entreprenante. Petit à petit les symptômes de la maladie de Parkinson se sont manifestés (entre 40 et 45 ans) et ma personnalité, et mon train de vie ont été impacté.
Ceux et celles qui me connaissent bien, me questionnaient au sujet de ma démarche qui semblait plus laborieuse en après-midi et en fin de journée (rigidité côté gauche, claudication, pied gauche qui traîne). J’avais même mentionné à ma collègue que je marchais comme une femme saoule en riant…
Ce que je ne disais pas c’est que je me questionnais sur mon état physique et sur tout ce qui me rendait anxieuse, irritable et insomniaque. Je faisais des « pactes » avec le diable la nuit et je pouvais adopter « 75 positions » pour diminuer la bougeotte dans ma jambe gauche et surtout les crampes dans le mollet et j’en passe…
La recherche du diagnostic
Après plusieurs années à me plaindre à mon médecin de famille qui me disait que j’étais une anxieuse, que c’était la cause de mon insomnie et qu’il avait tout tenté au niveau des examens et des médications… J’ai décidé de prendre une consultation en neurologie pour que je puisse régler ce qui me préoccupait.
Le fameux rendez-vous du 23 octobre 2017 a confirmé ce que je pensais et ce que j’anticipais. Il faut que je vous dise qu’une infirmière c’est assez « cinglée » dans sa tête quand c’est elle qui est malade.
En tout cas moi… je m’auto-diagnostiquais, je révisais toutes les pathologies, analysant tout de moi et j’étais très bonne en hypothèse!
Bref le choc, le tsunami, la fin du monde… du mien en tout cas.
Le trajet de Québec à Baie-Comeau (420 km) sans dire un mot c’est long, mais moi ça m’a paru 5 minutes. Pauvre André! Mon mari extraordinaire, mon conjoint dévoué qui lui aussi était sous le choc et qui essayait malgré tout de m’encourager.
Les étapes du deuil de la maladie
Par la suite il y a eu toutes les étapes du deuil de la maladie dont la négation, la colère (celle-ci était assez intense et a duré assez longtemps). Je suis passée par les ; JE SUIS TROP JEUNE, LE NEUROLOGUE S’EST TROMPÉ, PAS DES PILULES 4 FOIS PAR JOUR, MA VIE NE SERA PLUS COMME AVANT, etc…
J’ai même eu droit à la période de déprime totale où je me demandais si je devais continuer de prendre les médicaments. La santé mentale à ce moment-là en prend un coup. Même si tu es infirmière en santé mentale… tu n’es pas à l’abri de la dépression.
Finalement il y a eu le déclic avec le suivi en psychologie.
Ma vie n’est pas finie, au contraire! Je suis pleine d’énergie et de gratitude envers tous ceux qui s’offrent à moi. Présentement, je vois la vie différemment et je me découvre des talents cachés. Je prends le temps maintenant, car M. Parkinson, il te rappelle de prendre ton temps. Du temps de qualité, du temps pour bouger, du temps pour socialiser, du temps pour aimer et être bienveillante envers soi.
Se choisir pour grandir
Le plus important c’est de rester positive, se détendre, avoir confiance, de ne pas s’inquiéter, ne pas stresser, juste être et respirer. Je garde espoir que les scientifiques trouvent un traitement pour nous guérir dans un avenir rapproché. D’ici là, je continue de méditer, de jardiner, de tricoter, de coudre, de pêcher, de marcher, de profiter des grands espaces de la Côte-Nord et de partager mes joies et mes petites réussites avec ceux que j’aime. Je souhaite continuer de travailler comme infirmière le plus longtemps possible pour aider ceux qui sont dans le besoin.
Se choisir pour grandir et surtout ne pas s’identifier à la maladie.
Gardons espoir!
Je veux remercier mon conjoint qui ne s’est pas sauvé en courant et qui est mon phare. Mes filles qui sont mon inspiration et mon levier. Merci à mes parents, ma soeur, mon frère et leurs conjoints d’être présents. Mes amies Annie, Sylvie et Cyndie qui sont toujours là pour me faire rire et dédramatiser mes états âmes. Mon ami de toujours Gilles, mon médecin de famille, ma neurologue, ma psychologue, mon équipe de l’unité de psychiatrie, de la clinique externe de psychiatrie et le service santé du Cisss de la Côte Nord pour le support, l’écoute et les encouragements.
Avoir un réseau c’est super important!
Manon Roussy
Source: www.parkinsonquebec.ca