Des chercheurs s’inquiètent du risque d’épidémie de la maladie de Parkinson.
Dans un article publié fin janvier, des chercheurs s’inquiètent du nombre croissant de personnes touchées par la maladie de Parkinson. Une « épidémie » due notamment à une augmentation de l’espérance de vie.
Assiste-t-on à une pandémie silencieuse de la maladie de Parkinson ? Jusqu’à la fin du XIXe siècle, cette maladie neurodégénérative se caractérisant par une perte progressive du contrôle des mouvements et d’autres symptômes moteurs comme les tremblements était une maladie rare.
Touchant aujourd’hui environ 200 000 personnes en France et plus d’un million en Europe, la maladie de Parkison est devenue la 2e maladie neurodégénérative la plus fréquente après la maladie d’Alzheimer. Une augmentation considérable du nombre de malades en l’espace de 2 siècles qui font craindre à des chercheurs une « épidémie » de la maladie.
Dans un article publié dans le Journal of Parkinson’s Disease le 29 janvier dernier, un groupe d’experts exposent leurs préoccupations croissantes au sujet de l’augmentation de l’incidence de Parkinson et livrent leurs recommandations pour stopper l’expansion.
12 à 17 millions de malades d’ici 2040
Les troubles neurologiques sont maintenant la principale cause d’invalidité dans le monde, et le trouble neurologique qui connaît la croissance la plus rapide au monde est la maladie de Parkinson, indiquent les auteurs de l’étude. Ainsi en 1855, soit quarante ans après que le Dr James Parkinson eut décrit la maladie pour la première fois, environ 22 personnes sur 15 millions en Angleterre et au Pays de Galles sont mortes de la maladie de Parkinson. En 2014, environ 5 000 à 10 000 personnes sur 65 millions au Royaume-Uni sont mortes de la maladie de Parkinson. En France, 8 000 nouveaux cas sont déclarés chaque année.
De 1990 à 2015, le nombre de personnes atteintes de la maladie de Parkinson a doublé dans le monde, passant à plus de six millions de patients. Poussé principalement par le vieillissement, ce nombre de malades de Parkinson devrait encore doubler pour atteindre plus de 12 millions d’ici 2040, et d’autres facteurs, notamment l’augmentation de la longévité, la baisse des taux de tabagisme et l’industrialisation croissante, pourraient alourdir le fardeau à plus de 17 millions de malades.
Si les termes « épidémie » et « pandémie » sont généralement associés à des maladies pouvant se transmettre d’une personne à l’autre, ils sont ici utilisés par les auteurs de l’étude pour souligner le caractère expansif de Parkinson. Par exemple, soulignent-ils, la maladie est de plus en plus répandue dans toutes les régions du monde, et a tendance – comme les pandémies – à se déplacer géographiquement. Dans le cas de la maladie de Parkinson, elle semble se déplacer d’Ouest en Est à mesure que la démographie des pays évolue.
Des raisons sociales et environnementales à l’augmentation de la maladie
Comment expliquer une augmentation si significative de l’incidence de la maladie de Parkinson au sein de la population mondiale ? Pour les auteurs de l’étude, la réponse est à chercher du côté de nouveaux vecteurs : sociaux, politiques et économiques.
D’abord, l’incidence de la maladie de Parkinson augmente avec l’âge et la population mondiale vieillit, car le nombre et la proportion de personnes de plus de 65 ans augmentent rapidement. Le résultat combiné de ces deux facteurs est une augmentation sans précédent du nombre de personnes atteintes de Parkinson.
Indépendamment de la maladie de Parkison, l’espérance de vie mondiale a augmenté de six ans au cours des deux dernières décennies. Cela augmentera probablement le nombre de personnes atteintes d’une forme avancée de la maladie de Parkinson, qui est plus difficile à traiter, d’autant plus si ces nouveaux patients ont un accès limité aux soins.
Les chercheurs mettent aussi en lumière l’influence surprenante de la diminution du tabac sur la maladie. À l’échelle mondiale en effet, le nombre de fumeurs a considérablement diminué au cours des dernières décennies. Or, de nombreuses études ont révélé que le risque de développer la maladie de Parkinson diminue d’environ 40 % chez les fumeurs. « Si l’association est causale, ce qui reste à déterminer, la diminution des taux de tabagisme pourrait entraîner des taux plus élevés de maladie de Parkinson », écrivent les auteurs.
Enfin, ces derniers mettent en avant le rôle joué par les « sous-produits de l’industrialisation » dans l’augmentation de l’incidence de Parkinson. De nombreux travaux ont en effet montré qu’une exposition aux pesticides, aux solvants et aux métaux lourds était associé à un risque accru de développer la maladie.
Une maladie évitable ?
Les auteurs de l’étude plaident désormais en faveur de politiques et de ressources visant à ralentir la propagation de la maladie de Parkison, à soigner toutes les personnes touchées et à les traiter avec des thérapies innovantes. « Au cours du siècle dernier, la société a affronté avec succès, à des degrés divers, des pandémies de polio, de cancer du sein et de VIH. Le succès de ces efforts repose en grande partie sur un activisme débridé », explique Dr Ray Dorsey, professeur au département de neurologie au Centre médical de l’Université de Rochester.
Suivant ces exemples, les auteurs de l’étude proposent que la communauté de Parkinson forme un « pacte » pour prévenir, défendre, soigner et traiter la maladie en comprenant les causes profondes (environnementales, génétiques et biologiques), en développant de nouveaux modèles de soins qui visent à apporter des soins experts à tous et en développant de nouvelles thérapies hautement efficaces. Le traitement le plus efficace (lévodopa) a maintenant cinquante ans, rappellent-ils.
Article publié par Charlotte Arce sur www.pourquoidocteur.fr