Parkinson: le point de départ de la maladie serait bien l’intestin.
Depuis 2003, plusieurs études ont démontré le rôle de l’intestin et du nerf vague dans le développement de la maladie de Parkinson. Une équipe américaine vient de valider cette hypothèse chez la souris, ce qui ouvre de nouvelles voies de recherche fondamentale et clinique.
Pourquoi c’est important. La maladie de Parkinson est la seconde pathologie neurodégénérative dans les pays occidentaux après la maladie d’Alzheimer. En Suisse, elle concerne plus de 15’000 personnes. Il n’existe pas de traitement curatif. Les options thérapeutiques aujourd’hui disponibles permettent uniquement d’améliorer la qualité de vie des patients en réduisant les symptômes.
Quel lien entre cerveau et intestin?
- L’hypothèse de l’existence d’un axe cerveau-intestin dans la maladie de Parkinson date du début des années 2000. Elle émane des travaux d’un neuroanatomiste allemand Heiko Braak.
- Des analyses post-mortem réalisées sur des patients atteints de Parkinson l’amènent à conclure que les protéines α-synucléine agrégées retrouvées dans le cerveau des patients, marqueurs de la maladie, proviennent du tractus gastro-intestinal et migreraient via le nerf vague.
- Cette migration serait semblable à celle des prions, de cellules en cellules depuis le système nerveux du tube digestif jusqu’au cerveau.
- Plus récemment, l’analyse du Registre national suédois des patients, qui contient les données de santé d’environ 1,6 millions de personnes a permis de montrer que l’appendice jouerait un rôle de réservoir d’α-synucléine pathogène, y compris chez des sujets qui ne développent pas la maladie.
- D’autres réservoirs de ce type existeraient dans d’autres zones du tube digestif, notamment dans les glandes salivaires.
Où est la nouveauté? Jusqu’ici la migration de l’α-synucléine pathogène n’avait pas pu être observée dans un modèle animal. Les travaux de l’équipe de Ted Dawson, professeur de neurologie à la faculté de Médecine de l’université John Hopkins, publiés dans la revue Neuron (EN) apportent des preuves in vivo à la fois du rôle de l’intestin et de la migration des α-synucléine pathogènes via le nerf vague.
Les faits. Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont mené différentes expériences sur des souris contrôle, des souris ayant subi une section du nerf vague et des souris génétiquement modifiées ne produisant plus d’α-synucléine auxquelles ils ont injecté une forme précurseur des agrégats d’α- synucléine.
Ils ont ensuite observé si des agrégats d’alpha-synucléine se formaient dans le cerveau des animaux, et l’apparition d’une neuro-dégénérescence.
Les implications. Ces travaux n’auront pas de retombées cliniques immédiates. Le Pr Dawson prévient d’ailleurs dans un communiqué:
«Les patients ne doivent pas considérer la section du nerf vague comme une action préventive contre la maladie de Parkinson»
Pour les auteurs, ce modèle animal présentant tous les stades de la pathologie, y compris les plus précoces, peut cependant avoir trois implications majeures :
- Motiver de nouvelles recherches sur l’axe cerveau-intestin.
- Inciter les scientifiques à développer des protocoles centrés sur les facteurs, les molécules ou les infections qui peuvent initier la transformation de l’ α-synucléine en une forme pathogène et/ou induire sa migration vers le cerveau.
- Aider à identifier de nouvelles cibles thérapeutiques permettant de prévenir cette migration depuis les intestins.
La suite. On soupçonne aujourd’hui des environnementaux dans le développement de la maladie de Parkinson. Parmi les molécules suspectées, les pesticides ont été pointés à plusieurs reprises. Disposer d’un modèle animal pourrait donc accélérer les travaux en cours.
Source: www.heidi.news par Stephany Gardier