Parkinson: Traiter la maladie par des anticorps monoclonaux.
Les anticorps monoclonaux, dont on parle pour traiter le Covid, il en est question aussi pour traiter la maladie de Parkinson ! Rien n’est fait encore, mais des essais sont en cours. On parle de vaccin aussi. Dans les deux cas, il s’agit de cibler une protéine.
Quand on veut traiter le Covid, on cible ce qu’on appelle la protéine Spike, c’est la protéine qui permet au Sars-cov 2 de pénétrer dans nos cellules, et c’est ca qu’on veut empêcher. Dans le cas de la maladie de Parkinson, la protéine qui pose problème c’est la protéine Alpha Synucléine :c’est une protéine présente chez tout le monde au niveau du système nerveux central, mais chez les patients malades, et pour une raison qu’on n’est pas encore capable d’expliquer, elle va « muter » en quelque sorte et prendre une forme anormale, dite repliée. Ce changement de morphologie va avoir pour conséquence qu’au lieu d’être naturellement éliminée, la protéine va s’accumuler et provoquer des dépôts sur les neurones, ce qui va contribuer à leur destruction. Car c’est ça, la maladie de Parkinson, c’est un vieillissement accéléré des neurones.
Il n’existe aujourd’hui aucun traitement curatif, on ne sait traiter que les symptômes: on réduit les tremblements, les difficultés de marche, d’écriture, de motricité, on améliore la qualité de vie car ces traitements symptomatiques sont relativement efficaces. Il s’agit de médicaments, de chirurgie, ou même de stimulation cérébrale profonde. Mais il faut augmenter les doses petit à petit car la maladie progresse. Tout l’enjeu, à défaut de la guérir, est donc aujourd’hui d’en freiner l’évolution.
Et c’est là qu’interviennent soit les vaccins, soit les anticorps monoclonaux. Le Docteur Christine Brefel Courbon est neurologue au CHU de Toulouse, vice-présidente du comite scientifique de France Parkinson: « Cette piste de l’immunothérapie nous parait intéressante. Ce qu’on essaie de faire, c’est de cibler cette protéine pour essayer de l’éliminer. De guider nos défenses à la détruire. Et pour ça on a deux types d’approches: la première, c’est une immunisation passive. On va injecter au patient un petit fragment de la protéine et voir s’il produit des anticorps contre cette protéine, c’est le principe du vaccin » rappelle le Docteur Christine Brefel Courbon.
« Des essais sont en cours, la bonne nouvelle, c’est que environ la moitié des patients qui ont reçu ce vaccin ont développé des anticorps ! »
« Maintenant, on ne sait pas si ces anticorps vont être efficaces sur les symptômes et l’évolution de la maladie », rappelle la neurologue. « Et la deuxième approche, c’est l’immunisation passive, on va directement injecter au patient des anticorps. Ces anticorps, ils vont aller se fixer sur la protéine et l’empêcher de se fixer sur les neurones. Enfin, c’est ce qu’on espère. Pour l’instant, les deux premiers essais ne sont pas très concluants mais on cherche les anticorps efficaces, et on a toutes les raisons de garder bon espoir ».
Plusieurs essais cliniques sont en cours. On attend les résultats. Ce n’est donc pas pour tout de suite mais on peut espérer avoir des traitements efficaces dans un horizon assez proche, d’ici quelques années.
La maladie de Parkinson c’est 200.000 malades, 20.000 nouveaux cas par an. Elle frappe en majorité les 55/70 ans 15 à 20% des cas concernent quand même des 40/45 ans, et même, dans un peu moins de 10% des cas, des jeunes patients de 20 à 40 ans. Chez les plus jeunes, des symptômes dépressifs et d’hyper anxiété accompagnent souvent le diagnostic. Pour une meilleure qualité de vie, il n’y a pas que les médicaments. La maladie exige dans certains cas une prise en charge multidisciplinaire, avec kinés, orthophonistes, ergothérapeutes, et psychologues. Il y a encore 10-15 ans, cette prise en charge était largement déficiente, mais les choses s’améliorent.
Source: France Inter (ma vie de patient), publié par Véronique Julia.