Une piste inédite pour contrer la maladie de Parkinson
Étudier les mécanismes neuronaux responsables des maladies neurodégénératives ‒ telle la maladie de Parkinson ‒ pourrait permettre de trouver de nouvelles approches pharmacologiques pour traiter les individus qui en sont atteints.
Or, lorsqu’une personne souffrant de la maladie de Parkinson décède, l’étude de son cerveau révèle peu de choses sur les cellules et présente souvent un tableau de fin de maladie. En plus de survivre difficilement quand on en fait la culture en laboratoire, les cellules neuronales ne se régénèrent pas.
Pour ce qui est du recours aux cellules souches qui, elles, se régénèrent, leur utilisation ne permet pas de reproduire le mécanisme de la maladie en fonction de l’âge des patients.
Créer des cellules neuronales à partir de la peau
Neurobiologiste de formation, Janelle Drouin-Ouellet s’est intéressée à la maladie de Parkinson pendant son doctorat à l’Université Laval. Son projet postdoctoral en recherche fondamentale l’a menée à l’Université de Cambridge, au Royaume-Uni, où elle a recueilli des échantillons de peau d’une trentaine de personnes atteintes de la maladie. Puis elle est partie avec ses échantillons à l’Université de Lund, en Suède, pour contribuer à l’élaboration d’une nouvelle technologie de reprogrammation neuronale au laboratoire de la chercheuse Malin Parmar, une pionnière en ce domaine.
Récemment devenue professeure adjointe à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal, Mme Drouin-Ouellet poursuivra son projet, qui consiste à reprogrammer des neurones à partir d’échantillons de peau de personnes âgées qui souffrent de la maladie de Parkinson et à les transformer en cellules cérébrales ‒ ou neurones ‒ grâce à une nouvelle technique qui permet de voir comment les cellules cérébrales changent au cours de la maladie.
«L’avantage d’utiliser des cellules de peau est qu’elles sont facilement accessibles et qu’elles se multiplient, ce qui permet de constituer un stock de cellules avec le même matériel génétique que celui du cerveau des patients», indique Janelle Drouin-Ouellet.
Et avec la reprogrammation cellulaire, il est possible d’obtenir des cellules qui présentent des signes de la maladie et de maintenir la signature des cellules liées à l’âge du donneur.
«Mes travaux visent à concevoir un modèle de reprogrammation cellulaire directe de cellules de patients pour étudier la composante neuro-inflammatoire de la maladie de Parkinson afin de désigner éventuellement de nouvelles cibles pharmacologiques, explique-t-elle. Pour ce faire, les échantillons seront reprogrammés en cellules immunitaires du cerveau ‒ ou microglies ‒ pour voir comment elles évoluent en fonction de la maladie et quel est leur rôle dans la mort des neurones.»
Plus spécifiquement, la chercheuse force l’expression de gènes importants pour les fonctions de la cellule cérébrale dans les cellules de peau en utilisant un lentivirus dans lequel elle insère ces gènes, ce qui entraîne leur expression dans la cellule. Ce processus convertit la cellule de peau en cellule de cerveau en seulement quelques semaines.
Des applications cliniques potentielles
L’approche novatrice que veut mettre au point Janelle Drouin-Ouellet s’inscrit dans le courant de la médecine personnalisée, qui permet d’envisager qu’avec un simple échantillon de peau ou d’urine il serait possible d’étudier la réponse des neurones à un traitement et de trouver la meilleure solution thérapeutique pour chaque patient.
«Dans plus de 90 % des cas, on ignore ce qui a causé la maladie de Parkinson et, vu l’hétérogénéité potentielle des causes ou des formes de la maladie, la réponse à un médicament serait également hétérogène, conclut la professeure. Mon objectif est de créer des sous-groupes de personnes qui ont un même profil d’expression moléculaire.»
À court terme, l’utilisation du modèle de reprogrammation permettra de raffiner la sélection de patients pour mener des études cliniques et vérifier la réponse thérapeutique.
Source: www.nouvelles.umontreal.ca / Edité par Martin Lasalle